Revenu de base pour les artistes : l’Irlande montre la voie d’une révolution culturelle
- A.M.O.

- il y a 5 jours
- 3 min de lecture
Depuis 2022, l’Irlande mène une expérience sans précédent en Europe : le Basic Income for the Arts (BIA), un revenu de base destiné aux artistes et aux travailleurs du secteur créatif. Ce programme pilote, soutenu par le ministère de la Culture irlandais, verse 325 euros (Rs. 16 250) par semaine à 2 000 artistes, choisis par tirage au sort parmi les candidats éligibles.

Le principe est simple : permettre aux artistes de vivre de leur art, d’expérimenter, de créer et de contribuer à la vie culturelle sans être prisonniers de la précarité économique. À l’origine de ce projet, une conviction : la culture n’est pas un luxe, mais un pilier du bien-être collectif. Le dispositif vise à réduire la précarité structurelle du milieu artistique et à redonner aux créateurs du temps et de la sérénité.
Une étude indépendante menée par Alma Economics révèle déjà des résultats impressionnants :
Les bénéficiaires consacrent 11 heures de plus par semaine à leur pratique artistique ;
Leurs revenus issus de l’art ont augmenté de plus de 500 euros (Rs. 25 000) par mois ;
Chaque euro investi dans le programme rapporte 1,39 € (Rs. 70) à la société, sous forme de retombées économiques, sociales et psychologiques.
Ces chiffres traduisent une réalité : soutenir la création, c’est aussi soutenir la santé mentale, la cohésion sociale et l’économie locale.
L’expérience, prévue à l’origine pour trois ans, a suscité un enthousiasme inédit. 97 % des répondants à une consultation publique ont exprimé leur soutien à la pérennisation du dispositif. Beaucoup y voient une reconnaissance symbolique de la valeur du travail artistique, souvent invisible, mais essentiel à la vitalité d’une nation.
Le gouvernement irlandais envisage désormais d’en faire une mesure permanente, avec 2 000 nouveaux bénéficiaires dès 2026. D’autres pays comme l’Australie, le Canada, la Belgique, le Pays de Galles suivent de près ce modèle.
Bien sûr, la mesure soulève des questions : comment financer un tel dispositif dans un budget public déjà tendu ? Quelle équité entre les disciplines ? Et comment éviter que le tirage au sort ne crée de nouvelles frustrations ?
Mais au-delà des chiffres, le débat révèle une bascule historique : considérer les artistes non plus comme des intermittents du rêve, mais comme des travailleurs essentiels de l’imaginaire collectif.
Et si Maurice s’en inspirait ?
Dans un pays comme l’île Maurice, où la créativité abonde mais où les moyens manquent, un revenu de base pour les artistes pourrait transformer en profondeur le paysage culturel.
Imaginez un système où les créateurs (musiciens, plasticiens, conteurs, danseurs, écrivains…) reçoivent un soutien régulier leur permettant de se consacrer à leur art, d’innover, d’enseigner, de transmettre.
Les bénéfices seraient multiples :
Pour les artistes : une stabilité financière permettant d’éviter la fuite des talents, de mieux planifier leurs projets et d’élever la qualité de la création.
Pour la société : plus d’initiatives culturelles dans les écoles, les quartiers, les hôpitaux, les maisons de retraite donnant lieu à une culture vivante et accessible.
Pour le pays : un investissement dans la santé mentale, la cohésion nationale et l’image internationale de Maurice comme pays créatif et humainement rayonnant.
Un tel modèle ne serait pas une dépense, mais un investissement dans la santé culturelle et émotionnelle de la nation comme le rappelle le psychiatre David Gourion, « la culture peut devenir un instrument de santé publique ».
Et si Maurice faisait à son tour ce pari ? Celui d’une économie de la beauté, où chaque artiste trouve sa place et son souffle dans la société.
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